La révélation
En 1993 dans une émission littéraire la grande actrice hongroise Klari Tolnay (1914-1998) révélait à la télévision la relation que Sándor Márai avait eue avec elle et présentait un ensemble de dix poèmes dont l’écrivain lui avait fait cadeau sous le titre de « Poèmes d’un poète chinois inconnu du XXème siècle » préfacés d’une introduction du « traducteur ».
C’est à l’automne 1945 que Klari Tolnay fit la connaissance de Márai à l’occasion des répétitions d’une pièce de celui-ci « Varázs » (Magie) où elle jouait le principal rôle féminin. La relation, un peu du type « maître à élève » raconte-t-elle, était rendue assez difficile par le fait qu’à l’époque Márai habitait encore à Leanyfalu à environ 30km de Budapest et surtout sur la rive droite du Danube. L’activité intellectuelle renaissante et le théâtre (le Vigszinhaz) où se jouait la pièce étaient à Pest sur l’autre rive. Márai devait traverser en bateau, le seul pont qui avait été reconstruit étant pratiquement réservé aux militaires soviétiques.
C’est à l’automne 1945 que Klari Tolnay fit la connaissance de Márai à l’occasion des répétitions d’une pièce de celui-ci « Varázs » (Magie) où elle jouait le principal rôle féminin. La relation, un peu du type « maître à élève » raconte-t-elle, était rendue assez difficile par le fait qu’à l’époque Márai habitait encore à Leanyfalu à environ 30km de Budapest et surtout sur la rive droite du Danube. L’activité intellectuelle renaissante et le théâtre (le Vigszinhaz) où se jouait la pièce étaient à Pest sur l’autre rive. Márai devait traverser en bateau, le seul pont qui avait été reconstruit étant pratiquement réservé aux militaires soviétiques.
Les « Poèmes d’un poète chinois inconnu du XXème siècle »
Ces poèmes avaient été, avec des cigarettes américaines et une bouteille de cognac le cadeau de Noël 1945 de Sándor à Klari. Et celle-ci avait précieusement conservé les poèmes jusque-là. Ils sont aujourd’hui publiés dans le volume de poésies « Halotti beszéd » (« Oraison funèbre », titre du premier texte connu en langue hongroise –fin 12e siècle– qui a inspiré plusieurs poètes hongrois, dont Kosztolány). Ils étaient censés avoir été écrits par le "poète chinois inconnu" pendant la guerre des boxers.
Je reviendrai prochainement sur ces poèmes.
Un manuscrit s’envole
Klari Tolnay raconte aussi une anecdote concernant une autre œuvre longtemps cachée de par la volonté même de Márai qui avait stipulé qu’elle ne devrait être publiée qu’en 2000 au plus tôt (soit 100 ans après sa naissance). Il s’agissait de « Libération » qui s’inspire de témoignages sur la fin du siège de Budapest (voir dans ce blog l'article du 1er mars 2012 et la page "Œuvres traduites en français"). Il en avait secrètement confié le manuscrit à Klari en lui demandant de le lui rendre dès qu’elle aurait fini de le lire.
Le jour venu, ils avaient rendez-vous devant le café du parlement. Il faisait un temps de chien et soudain une saute de vent arracha le manuscrit des mains de Klari. A son grand dam les feuilles s’éparpillèrent un peu partout dans la neige et la boue et ce furent des soldats soviétiques qui les lui rapportèrent. Quand on a lu le livre on mesure l’ironie de la situation.
Et quand Márai arriva
et qu’en larmes elle lui tendit le manuscrit tout maculé, il lui dit que de
toute façon, il pensait que ce n’était pas une bonne œuvre !
Fin de la romance
La romance ne dura pas très longtemps, puisque quelques mois après, Klari Tolnay rencontrait et tombait amoureuse de l’acteur Ivan Darvas (qui partageait son admiration pour Márai). Elle l'épousa l’année suivante. Il devait faire lui aussi une grande carrière au théâtre et au cinéma.