lundi 31 mars 2014

En réécoutant "Une vie - une oeuvre"


Si vous écoutez ou réécoutez sur France Culture l'émission "Une vie - une œuvre" consacrée samedi 29 mars à Sándor Márai (http://www.franceculture.fr/podcast/4685672) voici quelques informations, précisions ou remarques à propos des différentes interventions :
  • Quand, pour la première fois Márai revient à sa maison de la rue Mikó après la levée du siège de Budapest, il retrouve au milieu des ruines une bonne partie de ses livres, une photo de Tolstoï et Gorki à Iasnaia Poliana et le fameux chapeau : ironie du sort, ce chapeau est un haut de forme intact et dans son journal il note "un instant je me pose la question de ce qui arriverait si je me mettais le haut de forme sur la tête et me promenais dans les rues de Buda ? Rien ne se passerait. Je pourrais aussi marcher sur les mains, aujourd'hui tout est permis." (extrait du journal de l'année 1945)
  • Le roman "Szindbad rentre [à la maison]" est en effet paru en italien chez Adelphi sous le titre Sindbad torna a casa (voir l’article du 21 mai 2013 dans ce blog). Pour les lecteurs de ce blog qui lisent l’italien, c’est en effet une œuvre très attachante qui révèle une facette encore inconnue des lecteurs français.
  • Vérification faite, Márai mesurait 1m82.
  • Kassa porte aujourd’hui le nom de Košice, c’est la deuxième ville de Slovaquie. Pendant des siècles elle a fait partie du Royaume de Hongrie, en particulier dans la période où la majeure partie de la Hongrie était sous domination ottomane. Rattachée à la Tchécoslovaquie par le traité de Trianon (4/6/1920), la ville sera à nouveau hongroise de novembre 1938 à janvier 1945 en conséquence du premier arbitrage de Vienne imposé par l’Allemagne à la Tchécoslovaquie.
  • Le père de Márai, Gezá Grosschmid, était juriste dans une banque de Kassa.
    Sándor Grosschmid est resté le nom officiel de Márai jusqu’en 1936, alors que dès ses premières œuvres il signe Márai, c’est-à-dire « de Mara » d’un titre de noblesse octroyé à un de ses aïeux par l’empereur d’Autriche (et roi de Hongrie). Les premières traductions françaises paraîtront d’ailleurs sous le nom francisé d’Alexandre De Mara.
  • Sa participation à la république des conseils (31/10/1918 – 8/1919) a consisté à écrire dans un journal révolutionnaire Drapeau rouge (Vörös Lobogó) ce qui lui sera reproché plus tard sous la « régence » Horthy. Il quitte la Hongrie avant la chute du régime de Béla Kun.
  • Outre les titres cités, tous traduits en français, il faut ajouter Un chien de caractère, Les mouettes et La sœur dernier roman publié avant l’exil, Paix à Ithaque, Le miracle de San Gennaro, et Libération (qui ne sera publié qu’en 2000 selon la volonté de l’auteur). Et beaucoup d’autres œuvres de toute nature, poésie, épigrammes, essais, et le journal qu’il a tenu de 1943 à sa mort, qui ne sont pas traduites en français. (Voir la bibliographie sous l’onglet correspondant de ce blog).
  • Dans l’intervention sur le comportement de Márai pendant la guerre, sous l’expression « après l’occupation allemande », il faut entendre « à partir du moment où les allemands ont occupé la Hongrie » (mars 1944).  
  • Entre le séjour à New York (1952-1967) et la fin de sa vie à San Diego (1980-1989), se situe un nouveau séjour de 13 ans en Italie, à Salerne, qu’il quitte en 1980, car la santé de sa femme Lola et la sienne deviennent préoccupantes, qu’il a peu confiance dans le système de santé italien et qu’il préfère se rapprocher de János, son fils adoptif. (Voir la biographie de Márai, sous l’onglet correspondant de ce blog).
  • Sur son suicide, voir l’article du 22 février 2014 dans ce blog.

samedi 29 mars 2014

Réécouter "Une vie - Une œuvre" consacrée à Sándor Márai

Pour réécouter l'émission Une vie - Une œuvre consacrée à Sándor Márai, diffusée sur France Culture le 29 mars,


Ceux qui voudraient lire le texte dit à la fin de l'émission, peuvent le retrouver sur ce blog (article du 14 janvier : La forêt, traduit par mes soins d'abord à partir de l'allemand , puis vérifié et rectifié sur l'original hongrois).

dimanche 16 mars 2014

Sandor Marai sur France Culture, le samedi 29 mars 2014


L’émission
« Une vie, une œuvre »
sera consacrée à
Sandor Marai sur France Culture
le samedi 29 mars 2014 de 16h à 17h
par Laetitia Le Guay
réalisation : Ghislaine David
 
Sandor Marai s’est imposé comme l’auteur hongrois le plus lu en France, avec des romans construits comme des thrillers, autour de secrets de famille, d’événements mystérieux du passé (Premier Amour, Les Braises, L’héritage d’Esther, les Mouettes, La Sœur). L’ascendant d’un être sur un autre, les limites du langage, l’étrangeté de soi à soi-même et au monde sont des thématiques récurrentes d’un univers romanesque aux récits implacables ; univers à la violence sourde dont la psychanalyse n’est jamais très loin.

La vie de Sandor Marai fut itinérante : européenne et quasi-vagabonde dans la jeunesse, pour fuir la Terreur Blanche de 1919 ; hongroise pendant vingt ans ; américaine et italienne après le passage de la Hongrie dans la sphère soviétique et le choix par Marai de l’exil. Au-delà des circonstances politiques, le voyage est un mode d’être pour Sandor Marai, « une appréhension sensuelle du monde », écrit-il dans son Journal, « peut-etre la seule vraie passion de ma vie».». De plus en plus solitaire et difficile matériellement, mais fertile sur le plan littéraire, l’exil mènera Marai de New York à Salerne, en Italie, puis en Californie où il se donnera la mort à 89 ans, quelques mois avant la chute du mur de Berlin.

Témoin de la disparition du monde du 19e siècle, observateur du destin d’une Europe malmenée par le fascisme puis le stalinisme, Marai médite de livre en livre (Libération, Mémoire de Hongrie, Journal), sur les totalitarismes et l’humain, dans une écriture limpide qui, au fil des années, se condense, pour devenir de plus en personnelle, fragmentaire,  poétique.
 
Il reste l’une des grandes voix de la Mitteleuropa, aux côtés de Stefan Zweig ou Thomas Mann qu’il admirait.

Avec la participation de :
Balázs Ablonczy, historien, directeur de l’Institut hongrois de Paris
François Giraud, auteur du blog
http://sandor-marai.blogspot.com
Catherine Faye et Georges Kassai, traducteurs de Sandor Marai en français
Gabrielle Napoli, collaboratrice à la Quinzaine littéraire
Andras Kanyadi, maître de conférences à l'Inalco, qui a publié sous sa direction La Fortune littéraire de Sandor Marai (collectif), Edition des Syrtes, 2012
Daniel Rondeau, écrivain, journaliste, diplomate
Ibolya Virág, éditrice, traductrice

Source :
franceculture.fr
 

dimanche 2 mars 2014

2013, un bon millésime pour l’œuvre de Márai


L’année 2013 a été un « bon cru » pour l’œuvre de Sándor Márai, riche en rééditions, traductions, et qui a vu aussi la parution d’un inédit en Hongrie.
Réédition chez Helikon (Budapest) de Ég és föld (Ciel et terre- épigrammes, aphorismes), Kassai őrjárat (Patrouille à Kassa – récit de son voyage dans sa ville natale en 1941-42), Eszter hagyatéka (L’héritage d’Esther – roman), Az igazi (L’authentique) et Judit …és az utóhang (Judith ...et appendice) qui constituent les quatre parties du roman paru en français sous le titre « Métamorphoses d’un mariage », Válás Budán (Divorce à Buda – roman) et Egy polgár vallomásai (Les confessions d’un bourgeois - avec la mention « édition intégrale, non censurée » !).
Des nouveautés : Beszéljünk másról? Publicisztika 1943–1978 (Pouvons-nous parler d’autre chose ? 1943-1978 –chroniques), Régi Kassa, álom… (Ancienne Kassa, un rêve... – d’après la présentation, il semble qu’il s’agisse d’une anthologie de textes sur Kassa, sa ville natale).
Helikon poursuit aussi l’édition du Journal : en 2013 est paru le volume des années 1964 à 1966.

Dépôt de gerbes au pied de la statue de Sándor Márai,
à Košice, le 11 avril 2013
Et surtout est paru en avril 2013, toujours chez Helikon, l’inédit Hallgatni akartam (J’ai voulu me taire – continuation des « Confessions d’un bourgeois » à partir de 1938, voir mon article du 12 août 2013).


Régi Kassa, álom… a été présenté le 11 avril 2013 (anniversaire de Márai) à  Košice - Kassa (alors capitale européenne de la culture), après une cérémonie officielle près de sa statue.
Des traductions aussi :

en français : Les mouettes (traduction de Siraly - « Mouette»)
en italien : Sinbad torna a casa (traduction de Szindbád hazamegy –
« Sinbad rentre »)
en allemand : Die Frauen von Ithaka (traduction de Béké Ithakaban
– « Paix à Ithaque »)
en portugais : A Irmã (traduction de A növer
– « La sœur »)
en castillan : Liberación
(traduction de Szabadulás -« Libération »)

 
Signalons enfin que la plupart des romans traduits en allemand sont maintenant disponibles en livre électronique.
Espérons que l’année 2014 sera elle aussi un bon millésime pour la diffusion de l’œuvre de Sándor Márai.