mardi 5 juin 2012

Le regard de Sándor Márai sur ses confrères en littérature

Une nouvelle page en construction

Sándor Márai était un grand lecteur et à partir de son recueil "Quatre saisons, poèmes en prose" et surtout dans "Ars Poetica", deuxième partie de "Ciel et terre" il livre à ses lecteurs ses jugements et appréciations sur des écrivains passés ou de son temps. Dans les journaux qu'il tient il note aussi fréquemment ses impressions de lecture.
J'essaye de rassembler les textes que Sándor Márai consacre à différents écrivains sur une nouvelle page de ce blog "Le regard de Sándor Márai sur ses confrères en littérature" (voir les onglets en tête de blog).
A côté des plus grands noms comme Shakespeare ou Goethe, vous aurez peut-être l'occasion aussi d'y découvrir des auteurs moins connus en particulier hongrois, bien sûr, qui vous donneront comme à moi l'envie d'aborder des rivages moins familiers de la littérature européenne.

Cette page est en cours de construction et risque de ne pas être de bonne qualité pendant un certain temps. Pardonnez m'en (je ne suis pas un grand expert de l'éditeur de ce blog !)

samedi 2 juin 2012

Eger

Je suis arrivé à Eger vers le soir et j’ai vu immédiatement que c’était une ville, pas une ville comme Budapest ou Berlin, une plus authentique, une ville comme Chartres, Késmärk, ou Nuremberg. Quand je passai le long de la basilique, les lampadaires étaient déjà allumés, les ruelles voisines s’animaient d’ombres bleues et brunes. Tout un peuple de prêtres se promenait autour sans but. Dans les arcades à échoppes, leurs murs étaient badigeonnés à l’extérieur de peinture à l’huile jaune, étaient assis des gantiers et des pharmaciens dans cette intimité singulière dans laquelle n’ont l’habitude d’être assis que les commerçants des véritables villes, eux ces adeptes prudents de la liberté qui pendant la saison hivernale organisent des soirées littéraires au casino. Dans la ville on sonnait constamment les cloches. Près de la maison du prieur, mains jointes, une femme était debout devant la lumière du saint sacrement et priait ; à Eger les gens prient encore d’une manière naturelle, aussi sur la place publique.

Le soir je suis allé au cinéma. L’homme à la caisse avait des yeux taillés à la turque.

Extrait des "Quatre saisons"
d'après la traduction en allemand d'Ernö Zeltner