samedi 2 juin 2012

Eger

Je suis arrivé à Eger vers le soir et j’ai vu immédiatement que c’était une ville, pas une ville comme Budapest ou Berlin, une plus authentique, une ville comme Chartres, Késmärk, ou Nuremberg. Quand je passai le long de la basilique, les lampadaires étaient déjà allumés, les ruelles voisines s’animaient d’ombres bleues et brunes. Tout un peuple de prêtres se promenait autour sans but. Dans les arcades à échoppes, leurs murs étaient badigeonnés à l’extérieur de peinture à l’huile jaune, étaient assis des gantiers et des pharmaciens dans cette intimité singulière dans laquelle n’ont l’habitude d’être assis que les commerçants des véritables villes, eux ces adeptes prudents de la liberté qui pendant la saison hivernale organisent des soirées littéraires au casino. Dans la ville on sonnait constamment les cloches. Près de la maison du prieur, mains jointes, une femme était debout devant la lumière du saint sacrement et priait ; à Eger les gens prient encore d’une manière naturelle, aussi sur la place publique.

Le soir je suis allé au cinéma. L’homme à la caisse avait des yeux taillés à la turque.

Extrait des "Quatre saisons"
d'après la traduction en allemand d'Ernö Zeltner

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