Au coin de la table de travail, il y a le gros globe qui montre le visage géographique du monde ; cet emprisonnement émouvant et cette grande immensité qu’est le monde.
Je ne joue plus maintenant que rarement avec le globe, ne le tourne plus si souvent, ne touche plus l’Afrique et l’Amérique du sud du bout des doigts, il ne mugit et n’appelle plus et ne me fait plus mal, le monde. Parfois je regarde presque déjà indifférent la boule terrestre. L’homme apprend petit à petit qu’il était le maître du monde, lui comme chacun, et que c’était à lui de savoir quoi, combien et comment il s’était approprié quelque chose de ce bien commun. Je n’ai aucun motif d’accuser quelqu’un, la terre m’a aussi appartenu. Et qu’en ai-je fait ? Misérablement peu. Aussi est-il plus raisonnable de ne pas jouer avec le globe aussi follement que les conquérants et les insatiables, mais de regarder autour de moi, dans cette pièce qui mesure cinq mètres sur six et qui est autant le monde que l’Afrique et pas moins dangereux, infini et aventureux.
Extrait, de "Ciel et terre", d'après la traduction en allemand de d'Ernö Zeltner
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