Dans les romans de
Sàndor Màrai, le mystère toujours s'invite et réinvente les contours incertains des personnages. Dans ce grand opus qui n'avait pas encore été traduit en français, le mystère prend les traits d'un jeune Hongrois, docteur en philosophie, dont nous ne saurons pas le nom. Arrivé à Paris en juin
1926 après un an d'études à Berlin, il reste deux années en France, entre un Paris où ses points d'attache se résument à quelques cafés, cabarets et hôtels, et une Bretagne idyllique où l'entraîne une femme rencontrée à Montparnasse. Étranger à ce pays qui le fascine et le maltraite, étranger aux autres, étranger à lui-même, ce jeune homme cherche à conforter sa condition d'Européen et à appréhender qui il est, ce qu'il aime ou rejette. Il évolue parmi d'autres étrangers – un Albanais, un sculpteur hongrois,
un Russe, une Danoise qui écrit des
livres pour enfants – qui tous survivent
comme lui tant bien que mal, dans
le Paris de la fin des Années folles, décrit de façon expressionniste, avec une grande
force d'évocation.
Le mystère se révèle
alors, qui dit la réalité et ses contrastes multiples, qui dit l'auteur et ses doubles.
Numéro 35 - automne 2012 de "L'Homme en Question", revue éditée par Albin Michel
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