Grande nouvelle pour les amateurs de Sándor Márai : la
parution du premier tome de la traduction en français de son journal par
Catherine Fay.
À partir du 11 septembre vous pourrez trouver en librairie
cet ouvrage, édité par Albin Michel, témoignage essentiel de la pensée du grand
écrivain hongrois. Pour une grande partie des critiques de son pays, c’est son œuvre
maîtresse.
Et pourtant l’année précédant le début de ce journal, il
écrivait dans Ciel et terre (encore
inédit en français) une entrée intitulée Journal
dans laquelle il déclarait :
Je n’ai jamais
beaucoup aimé les journaux intimes, ce n’est pas mon moyen d’expression. Si
c’est le sens d’un journal d’écrire « journellement », et à côté de cette
tâche, de noter aussi en gribouillant le sens de ce sous-produit, de conserver
les copeaux de l’instant, alors ce sont ces notes-ci qui sont mon journal ; […]
Et les journaux, ces « grandes confessions », sont-ils écrits avec moins de
coquetterie et d’intentions et moins pour le public ? J’ai un doute. L’écrivain
lorgne toujours d’un œil vers le public, même s’il note sur son cahier secret :
« Aujourd’hui rien à signaler » ou « fumé cet après-midi ». […] D’ailleurs,
auteur de journal intime, je ne fais pas grand compte de cette étrange bonne
foi. Garde tes secrets pour toi – écris de manière énigmatique et sincère, avec
titre, structure et intention, c’est la seule manière possible, la seule
manière convenable. (traduction de l’auteur de ce blog)
Il a heureusement pour nous, changé d’avis.
Le journal suit depuis 1943 les pérégrinations de son auteur
depuis ses années hongroises (ce premier tome) jusqu’en 1989 tout au long de
ses exils successifs en Italie et aux États-Unis. Il y note avec lucidité,
souvent amertume, réflexions et jugements sur son temps et ses acteurs, sur l’histoire
ou sur l’art, sur les évènements de sa vie quotidienne comme sur celle du
monde.
Ces miscellanées sont passionnantes et comme, plus tôt, les Confessions d’un bourgeois
ou les Mémoires de Hongrie jettent
un éclairage particulièrement cru sur les misères du monde dans ces années
troublées, le regard de l’humaniste stoïcien disciple de Marc-Aurèle et du
bourgeois qu’il se revendiquait être.
À
noter l’article de Nathalie Crom dans Télérama 3634 du 04/09 (« L’inconsolé »)