dimanche 1 avril 2012

La conversation de Bolzano au Théâtre de l'Atalante - critique personnelle

La défaite de Bolzano
Tout d’abord un immense merci à Jean-Marie Galey et Jean-Louis Thamin d’avoir fait revivre la magnifique prose de Sándor Márai, de l’avoir fait incarner sur scène par ces trois personnages emblématiques du comte et la comtesse de Parme face à Giacomo, l’aventurier de l’amour (dans le roman jamais il n'est nommé autrement que par son prénom, mais tout l’identifie bien sûr à Casanova). Même traduit ce texte reste un chatoiement aux mille facettes que l’adaptation théâtrale respecte à la lettre et rehausse d’une interprétation impeccable.
Trois personnages qui sortiront vaincus de la joute de leurs discours, vaincus d’abord par eux-mêmes. Le comte d’abord (magnifique interprétation, à la fois altière ...
 et veule d’Hervé van der Meulen), victime de son orgueil, de croire qu’il peut tout acheter y compris la guérison de la maladie d’amour de sa femme qu’il prétend obtenir en appliquant un traitement du mal par le mal, ce qui se révèlera un échec total. Et puis l’admirable Francesca (splendide Teresa Ovidio à la tendresse amoureuse cachée sous une fougue fulminante) dévorée par son amour, prête aux plus hautes bassesses, mais qui repartira à jamais insatisfaite. Giacomo enfin, bien loin du flamboyant aventurier que Casanova décrit lui-même dans « Histoire de ma vie », coincé dans sa fatuité d’accomplir le « chef d’œuvre » que le comte demande et l’exigence d’amour total de Francesca. Jean-Marie Galey est excellent dans ce rôle presque muet (mis à part la scène finale de la lettre), mais, pour moi il se piège lui-même (ou est-ce Jean-Louis Thamin le metteur en scène ?) par le côté outrancièrement grotesque donné à son personnage. Etait-il vraiment besoin de forcer autant le trait, le déguisement en femme ne pouvait-il pas être moins ridicule ? Je crois que le texte se suffisait à lui-même et la défaite de Giacomo n’en aurait paru que plus patente encore si cet aspect avait été traité plus sobrement. C’est ma seule réserve. Mais, amis qui lisez ces lignes, courrez à l’Atalante découvrir ou redécouvrir ce texte admirable.
François Giraud

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