Je reprends le titre d'une œuvre de Márai "Kassai őrjárat" (que je n'ai encore malheureusement pas pu lire, car il n'en existe pas de traduction dans une langue que je connaisse) pour relater ma recherche de souvenirs de l'écrivain dans sa ville natale, comme le
proposait le site hlo.hu. (voir article du 6/7/2013)
Entre
deux rencontres que l'évocation de Márai ont bien facilitées (Merci Hélène, merci
Eszter), j’ai laissé mon vagabondage nourrir mon imagination. Sans suivre
exactement l’itinéraire que suggérait hlo.lu,
j’ai croisé dans ces lieux avec le souvenir que j’avais de mes lectures de Sándor
Márai.
Mais
pour une lecture plus facile, je vais reprendre l’ordre suggéré par hlo.lu en y ajoutant quelques variantes.
pour lire la suite, cliquer ci-dessous sur "Plus d'infos".
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Maitre M.S. - Visitation (Musée national) |
Cathédrale Ste Elisabeth |
J’y
ai admiré les fines ciselures gothiques, l’imposant retable et la Vierge de
majesté qui trône au centre de la nef. Et puis
j’y suis retourné le lendemain, c’était dimanche, et y ai assisté à une messe
en hongrois.
Et
j’ai imaginé la famille Grosschmid, écoutant eux aussi une homélie en hongrois
(Vatican II n’avait évidemment pas encore remplacé le reste de l’ordinaire de
la messe par la langue locale !) Ce n’était pas tous les dimanches que
Sándor accompagnait sa famille, car quand il n’était pas en pension à Eperjes
(aujourd'hui Presov, à une trentaine de km au nord de Kassa) où à Budapest, ce devait plutôt être à l’église des Prémontrés qu’il
assistait à l’office.
1) la maison natale
Maison natale Bocná 2 |
Une grande bâtisse sans attrait (elle
aurait plusieurs fois été reconstruite). L’atelier de menuiserie qui donnait
sur la cour et dont S.M. parle dans Confessions
d’un bourgeois a depuis longtemps disparu (on en voit quelques photos au
petit musée mémorial de la rue Mäsiarska dont je parlerai plus tard). Et pas
une plaque pour indiquer que c’est là où est né le plus illustre des
« enfants de la ville » et où il a vécu son enfance !
A propos de cette maison, S.M. raconte dans Ėg
és föld (Terre et ciel) comment lors d’un de ces voyages à Kassa
pendant la guerre, il vit sur une fenêtre une affiche manuscrite « Appartement à louer » et qu'il la revisita (je publierai prochainement ce texte sur ce blog).
2) l’école des prémontrés
Etape que j’ajoute, car il
joue un rôle non négligeable dans « Les révoltés ». On rêve à la
richesse qu’a du avoir Kassa au tournant du XXème siècle, pour s’offrir un tel
théâtre.
3) et 4) Lola et ses parents
Ce n’est pas de la maison Maléter, bel immeuble cossu du 25 de la rue Mlynská, que partirent les parents de Lola en 1944 pour Auschwitz, puisqu’ils avaient d’abord été regroupés avec 15.000 autres juifs dans le ghetto. (« X. –le père de Lola- est depuis une semaine dans le ghetto de Kassa… », puis « X. a été déporté en Pologne . » note Márai dans son journal en mai – juin 1944)
Nota : Laszlo Csatari, qui était accusé d’avoir été l’organisateur de la déportation des juifs de Kassa, et devait passer en jugement le 26 septembre, vient de mourir à Budapest.
Je n’ai pas encore pu lire
« Patrouille à Kassa », qu’évoque le texte de hlo.lu, mais dans Ėg és föld (Terre et ciel) Sándor Márai
parle d’un autre voyage à Kassa par le train dans ces années où Kassa était
revenu à la Hongrie par la grâce d’Hitler. Est-ce pendant ce dernier qu’il
séjourna à l’hôtel Europa ?
Un jour je suis
pourtant allé à Kassa, avec l’express, comme on va à Szeged ou Makó*…
Complètement seul, j’étais à Kassa. Dans une cave j’ai bu du vin, puis
je suis rentré à l’hôtel, j’ai baillé et ai sombré dans le sommeil. Alors j’ai
vu, en rêve, pour un instant, des larmes dans les yeux, Kassa, la vraie,
l’exacte – mais seulement pour un court instant. * petite ville proche de Szeged
(Terre et ciel d’après la
traduction en allemand d’Ernö Zeltner)
[voir l'intégralité de ce texte dans l'article du 10/09/2013]
[voir l'intégralité de ce texte dans l'article du 10/09/2013]
5a) la banque de Géza Goldschmid
Géza Goldschmid, le père de S.M., était
fondé de pouvoir d’une banque située au tout début de Hlavna (Fö utca). Sur une
photographie (que je n’ai malheureusement pas pu retrouver) on peut voir le
régent Horthy, nouvel Arpad, parader sur son cheval blanc devant la façade de
ce beau bâtiment qui a depuis été remplacé par une affreuse construction.
6)
le petit musée mémorial, rue Mäsiarska
D’après
certains documents, il fallait prendre rendez-vous pour visiter ce musée, je
demandais donc à l’office du tourisme comment faire. On m’a alors indiqué que
cet été il était ouvert tous les jours jusqu’à 15h. Je me précipitai rue
Mäsiarska (il était 14h15) où après avoir découvert l’entrée (ça n’était pas si
évident) je fus reçu par une guide fort aimable, parlant un anglais très
correct et connaissant bien les trois pièces constituant le musée.
Installé grâce
au propriétaire actuel au rez-de-chaussée de la demeure des Grosschmids à
partir de 1913 ou 1915, jusqu’au déménagement à Miskolc, en 1932 je crois, c’est
essentiellement la compilation de photographies et de textes et une collection
de diverses éditions des œuvres de S.M. qui semble d'ailleurs ne jamais y avoir vécu.
En fait d’« affaires
personnelles », il n’y a guère qu’un bureau sur lequel est ouvert son passeport et sont étalées quelques
éditions modernes de ses œuvres.
Je me suis assis dans la chaise vide en face de la statue de
Márai, mais je dois avouer ne pas avoir ressenti grand-chose. Était-ce parce que
je ne le trouvais pas très ressemblant (par rapport aux photos que
je connais de lui évidemment), ou bien étais-je déçu et un peu en colère du peu de cas que
l’on fait de lui dans sa ville natale alors qu’elle est cette année Capitale
Européenne de la Culture.
7a) le théatre
Thalia - Studio Márai
Pour voir le programme :
http://www.thaliaszinhaz.sk/new/index.php?option=com_content&view=article&id=126%3Aa-2013-2014-szinhazi-evad-elzetes&catid=34%3Acimlap&lang=sk
* depuis j'ai repéré un évènement d'une journée, le 1er octobre, dont le contenu est très énigmatique (et dont les jeunes filles du bureau de tourisme ont été incapables de retrouver la trace, alors qu'après recherche cet "évènement" figure dans le programme complet des manifestations de l'année, mais dans la catégorie "Dance" !)
8) le Kávy sveta
Les serveuses ont été surprises quand j’ai demandé s’ils avaient le vin favori de Márai (savaient-elles même vraiment de qui il s'agissait ?) Et après quelques conciliabules l’une d’elles m’a amené une bouteille de Somlói juhfark 2011. Alors je me suis installé à la table dont le mur porte le portrait de S.M. et j’ai dégusté cet excellent vin en regardant de temps à autre cette effigie. Décidément mon imagination me faisait défaut, car je ne ressentais rien d’autre que ce qu’aurait ressenti un touriste buvant un verre de bon vin dans cet aimable établissement. Je m’interrogeais aussi sur ce portrait (peint d’après une photo que je connais bien, où il est assis sur un balcon, vraisemblablement celui de l’appartement de la Miko utca), portrait sur lequel S.M. est bien sûr trop vieux pour être celui qui vivait à Kassa jusqu’en 1919 et parait trop jeune pour être celui qui y fit quelques courts voyages pendant la guerre. Peut-être n’aurait-il pas fallu d’image pour que mon esprit entre un peu en communion, par le vin !
Après coup,
rassemblant mes très faibles connaissances de hongrois, un dictionnaire et un
traducteur automatique, j’ai tenté de traduire le texte qui accompagne le portrait sur le mur.
Et voici ce que cela donne (que mes amis hongrois veuillent bien me pardonner et surtout me proposer leur propre traduction !)
Et voici ce que cela donne (que mes amis hongrois veuillent bien me pardonner et surtout me proposer leur propre traduction !)
Este nyolckor születtem, fújt a szél.
Kassát szerettem és a verseket
A nőket, a bort, a becsületet
Mást nem szerettem. Minden más titok.
Nem könyörgök, s ne irgalmazzatok.
Je suis né le soir à
neuf heures, le vent soufflait.
Kassa j’aimais et la
poésie,
Les femmes, le vin,
l’honneur
Et la raison :
profondément au cœur elle parle.
Rien d’autre je
n’aimais. Tout le reste est secret.
Je
ne supplie pas, et vous ne faites pas grâce.
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