La Bible dit que Dieu a créé le monde, et puis au septième
jour « il se reposa et vit que c’était bon ».
Seul un homme aurait pu parler ainsi, jamais Dieu. Dieu a
créé le monde, pourtant – très certainement - il n’a jamais ressenti
que « c’était bon » ce qu’il avait créé. C’est le contentement de soi du petit
artisan qui fièrement contemple le travail de ses mains, une balance, un
cercueil ou une paire de bottes, qui se tape sur le ventre et s’assure lui-même
que « c’est bon », ce qu’il a créé. Dieu n’est jamais aussi fat. Dieu et l’artiste
– eux deux seulement – savent que ce n’est jamais « bon », que tout ce qui est
de l’ordre de la création, humaine ou divine, est imparfait, car le souhait qui
brule sur le foyer de toute création, ne s’éteint jamais, veut autre chose,
plus, quelque chose de plus humain ou de plus divin … Ne te réjouis pas, ne te
tourne pas les pouces de contentement, ne cligne pas des yeux, satisfait. Ce
n’est pas « bon ». C’est, simplement – et ça déjà c’est surhumain.
Extrait de "Ars Poetica", deuxième partie de "Ciel et terre"
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