La gitane aux pièces d’or tressées autour du cou et
une rose rouge dans ses boucles noires sauvages, dit encore ceci :
— Mes parents se faisaient toujours du souci
pour moi et m’ont mise en garde contre
les gens qui possédaient une maison et vivaient constamment au même endroit.
Nous avions une jolie roulotte verte et un cheval. Mon père était un homme très
distingué avec une veste à boutons d’argent, et nous dormions chaque nuit
devant une ville nouvelle. Chez nous chacun avait appris un métier, je dansais
et divertissais les messieurs, mon frère était avaleur de sabres et cracheur de
feu, les cousins faisaient des briques et tiraient les cartes. Ainsi vivions-nous
dans des conditions ordonnées, réglées, stables, dans une tente. Pourtant mon
père le Voïvode nous parlait souvent de méchantes gens qui habitaient dans des
maisons en pierre et qui enlevaient de gentils enfants tziganes, les
obligeaient à exercer toutes sortes de métiers abominables, les tourmentaient
et contre leurs dispositions les forçaient à apprendre quelque tour de force,
par exemple aux filles à se marier et aussi exiger de gitans plus âgés la
preuve de leur nationalité. Et qu’il faut être très prudent dans ce monde, car
il grouille tellement de gendarmes qui rôdent
– disait-elle avec un profond
soupir.
Extrait de "Poivre et sel", troisième partie de "Ciel et terre"
d'après la traduction en allemand d'Ernö Zeltner
d'après la traduction en allemand d'Ernö Zeltner