Le 2 novembre prochain parait en librairie un volume de la Pochotèque qui rassemble cinq des romans les plus connus de Sándor Márai, déjà publiés séparément par Albin Michel :
- Premier amour
- Les Révoltés
- La Conversation de Bolzano
- Les Braises
- Métamorphoses d’un mariage
Si vous ne connaissez pas ce grand auteur hongrois du 20ème siècle profitez de cette édition pour découvrir celui que Martine Aubry, Françoise Hardy, François Hollande ou Nicolas Sarkozy, entre autres, ont classé parmi leurs écrivains préférés. Et si vous avez lu et aimé l'un ou l'autre de ces romans, profitez de ce volume pour découvrir les autres !
Présentation de l'éditeur
Reconnu comme l'un des plus grands auteurs de la littérature hongroise et comme un maître du roman moderne, Sándor Márai (1900-1989) s'inscrit dans la lignée d’Arthur Schnitzler, Stefan Zweig et Thomas Mann. Observant avec nostalgie une civilisation européenne sur le point de s'éteindre, il n’a eu de cesse de témoigner d'un monde finissant. Pendant ses années d’exil (1948-1989), son œuvre tomba dans l’oubli. Elle fut redécouverte dans les années 1990, notamment avec Les Braises, et connaît depuis un succès considérable dans le monde entier.
Le présent volume rassemble, classés par ordre chronologique, cinq grands romans de Sándor Márai, qui offrent au lecteur un échantillon de son talent. On y retrouve les trois problématiques essentielles qui ont accompagné l’écrivain hongrois sa vie durant : la nécessité de la révolte, qui met en scène la lutte entre l’instinct et la raison ; l’utilité de la création, qui nourrit la confrontation entre l’ordre et l’aventure ; enfin, l’amertume de l’exil, qui montre l’aliénation de l’individu dans un univers massifié.
Cet ouvrage réunit :
Le Premier Amour
Les Révoltés
La Conversation de Bolzano
Les Braises
Métamorphoses d’un mariage
Préface de Frédéric Vitoux, de l’Académie française.
Édition d’András Kányádi en collaboration avec Catherine Fay.
Ce blog est consacré au grand écrivain hongrois Sándor MÁRAI (1900-1989) et à toutes les informations ayant un rapport avec son oeuvre (en particulier une bibliographie multilingue), sa vie et les manifestations qui peuvent le concerner.
Pages
Buste de Sándor MÁRAI et texte introductif
vendredi 21 octobre 2016
A paraitre : cinq romans de Márai en un volume
mercredi 20 avril 2016
Printemps (2)
Le printemps n’a pas
qu’odeur, couleur, lumière réfractée, littérature, mode, radis et jeunes
oignons, mais aussi une puissance de guérison dangereuse, sauvage. Au printemps
les bains, les eaux thermales, les herbes médicinales fraîches agissent sur le
corps humain avec une énergie comme jamais autrement : il faut traiter cela
très prudemment, comme avec un mystérieux remède miraculeux. Une gorgée de trop
d’eau thermale, cinq minutes de trop dans les thermes, quelques brins de plus
d’herbes de printemps et l’équilibre de ta vie bascule. Le printemps est une
médecine, mais aussi un poison, comme toute la vie, dont il est une expression
aiguë, sauvage.
Extrait de "Ég és föld" (Terre et ciel)
lundi 1 février 2016
« La nuit du bûcher »
Vient de paraître chez Albin Michel « La nuit du bûcher », la dernière oeuvre traduite en français de Sándor Márai.
Ce
roman, écrit en 1975, se situe parmi les derniers de la production de Márai
dans une série de romans « historiques » (dont aucun autre n’a encore
été traduit en français). Il se présente sous la forme d’une longue lettre d’un
moine carme espagnol à l’un de ses « frères » du couvent d’Avila, dans
laquelle il lui relate son séjour à Rome à la fin du XVIème siècle et lui rend
compte de sa mission qui était de s’initier aux méthodes de l’Inquisition
romaine. Il lui annonce aussi qu’il se trouve maintenant à Genève et qu’il ne
rentrera pas au couvent.
L’action
du roman se déroule entièrement à Rome, ce qui nous vaut d’ailleurs quelques
savoureux tableaux de la Rome des années 1590. Le carme est accueilli dans une
institution très spécifique à l’Inquisition romaine : la confrérie des confortatori (les confortateurs ; « confortateur »
est d’ailleurs une traduction possible du titre hongrois du roman –Erősitő–, mais aurait certainement été
difficile à comprendre pour un public français). Ces ‘confortateurs’ ont pour
mission de donner des forces au condamné
au bûcher en le convainquant d’abjurer son hérésie, ce qui lui permettra après
l’épreuve terrestre de ne pas brûler dans les flammes éternelles de l’enfer.
« Leur corps se consume sur terre
mais ce n’est qu’un désagrément temporaire qui ne dure pas longtemps. Après la
souffrance du châtiment terrestre, l’âme purifiée de l’hérétique va droit aux
cieux. »[1]
La
« congrégation » est constituée de laïcs et de religieux à qui on
fait appel dans les cas difficiles.
Le
« rapport » du carme est l’occasion pour Márai de présenter avec une
certaine ironie la doctrine de
l’Inquisition après le Concile de Trente, personnalisé par le cardinal
Bellarmin, et le débat qui l’accompagne (le carme, apprenti inquisiteur a la
foi du charbonnier) :
« Pour moi, l'Incarnation dont
certains hérétiques, d'après ce que je savais, contestaient la vérité sacrée,
représentait une réalité. Et l'idée d'émettre des doutes sur la Sainte Trinité,
même malade de fièvre ou sans m'en rendre compte, ne m'effleurait pas non plus.
Tout ce que le Saint-Office proclame et accomplit me semblait naturel et juste,
à l'instar d'un être raisonnable et sain d'esprit qui ne doute pas de la
réalité de la nature, de la lumière du soleil ou de l'air. »[2]
Une
des grandes interrogations du carme (dont on ne connaitra pas le nom, mais
c’est assez fréquent chez Márai[3])
est « Comment acquérir la certitude qu’une conversion proclamée est bien
sincère ? », question à laquelle il ne recevra pas de véritable
réponse. Lors de l’un de ses enseignements sur le rôle véritable des confortatori, le Padre qui lui sert de mentor lui dit bien :
« Malgré tout, continua-t-il d'un ton sévère, il en est qui s'obstinent jusqu'au dernier
instant. Ils simulent, se comportent en apparence comme s'ils reconnaissaient la
vérité, se confessent et communient à la dernière heure. Cependant, ce n'est
que poudre aux yeux. En réalité, en dedans, ils continuent à nier la vraie
croyance. Mais ces êtres sournois craignent, en résistant, de rendre leurs
derniers instants plus pénibles que ce qu'ils redoutent et c'est pourquoi ils
font semblant de se rétracter. Heureusement, nous sommes là, nous, les
confortatori, et nous sommes vigilants. »[4]
Mais à la question que lui pose le carme :
« — Justement, [dis-je timidement.] À quel signe peut-on déceler que l'hérétique s'est réellement repenti
? »
il
ne répond pas vraiment :
« — Pour reconnaître ce genre de
chose, il faut beaucoup d'expérience et on doit être inspiré par la clémence »
[, répondit le padre.]
Il se recouvrit les yeux avec les paumes
comme s'il cherchait la réponse ainsi. Puis il me reprit le bras et nous
reprîmes notre promenade dans le cloître à pas lents.[5]
On
ne peut pas lire certains passages sans établir un parallèle avec les
totalitarismes de la période qui entoure celle où le roman est écrit : la
censure, la délation, la surveillance des hommes et de leurs pensées, la
coercition, les procès, bien des éléments communs s’y retrouvent. Le Padre lui déclare une fois :
« Il ne suffit pas de tenir à l'œil,
d'intenter des procès et de soumettre à la torture quelques-uns d'entre eux.
Viendra le temps », en
disant cela, il écarquilla involontairement les yeux comme s'il lisait dans
l'avenir, «viendra le temps où l'on ne
pourra plus sévir de façon individuelle mais où il faudra réunir et mettre à
part tous les suspects ensemble. Le diable fait des tours et des détours, il
soumet tout le monde à la tentation. Arrivera une époque où l'on regroupera
sans ambages ni perte de temps tous ceux qui seront soupçonnés de tomber un
jour dans le péché d'hérésie, à cause de leur origine ou pour d'autres raisons,
dans des champs clos par des barrières de fer, pour des périodes plus ou moins
longues... mais en général il vaudra mieux que ce soit pour longtemps....[6]
puis
un peu plus loin
« Le
bûcher! […] Que de fatigue, que de dépenses à cause d'un seul homme ! Non, poursuivit-il
d'une voix déterminée, croyez-moi, mes frères, viendra le temps où le
Saint-Office changera les procédures en vigueur jusqu'à nos jours ! Il
supprimera l'exécution publique de la sentence ! Et quand le temps sera venu,
il enverra les coupables non pas un par un mais par groupes entiers, plusieurs centaines d'hommes à la fois, dans
l'autre monde, où ils rendront compte
de leurs péchés au Tribunal Éternel.
Quel en sera le mode?» lança-t-il
d'un air sombre. Il était pâle, on voyait qu'il vivait l'un de ces rares
moments où la piété vous envahit totalement et où la force physique vous
quitte.
«Je
ne sais pas », souffla-t-il, tête baissée, et il gémit
d'impuissance. «Mais il faudra trouver un
moyen.» [7]
et
encore
«
Car il ne suffit pas, soupira-t-il, que l'hérétique, bourrelé de remords, fasse son examen de conscience. […]
Le Saint-Office est plus exigeant. Il veut que l'hérétique ainsi préparé
revendique lui-même son châtiment en public, au tribunal ! Il est essentiel
pour les fidèles de voir et d'entendre un homme égaré, à présent enfin
démasqué, battre sa coulpe avant de monter sur le bûcher et clamer à la face du
monde que tout ce qui lui arrive est peu de chose ! C'est à lui d'exiger qu'on
le punisse car les supplices qu'il a endurés au cours de l'instruction étaient
indispensables et mérités ! Que, au dernier moment, il proclame au monde,
sachant qu'il ne peut plus compter sur aucune miséricorde sur cette terre,
combien il est nécessaire que lui, le fautif, disparaisse de la surface de la
terre. […] Qu'il comprenne, l'hérétique, qu'en acceptant sa condamnation avec
humilité mais aussi en s'accusant lui-même au vu et au su du monde entier, il
rend un grand, un ultime service à l'univers des croyants ! »[8]
Et
puis après de longs mois d’« initiation » le carme va enfin être
admis à assister aux dernières heures d’un hérétique. Ce relapse notoire c’est
Giordano Bruno, dominicain défroqué, philosophe, théologien, cosmologue qui a
soutenu de nombreuses thèses hérétiques dans ses ouvrages et sa prédication, et
dont le procès a duré sept ans. Voici comment le carme décrit la vision qu’il a
de cet homme :
« …
l'homme assis sur le banc se tenait droit. Les mains enchaînées croisées sur la
poitrine, il n'était pas adossé au mur. Il ne regardait personne[…] Son regard
se portait au-dessus d'eux [les confortatori], ou à ses pieds vers la flaque de
lumière que formaient les rayons du soleil levant […] C'est cette flaque de
lumière qu'il contemplait, indifférent, immobile. »[9]
« On aurait dit que tout s'était consumé en
lui, la colère comme la peur. »[10]
Et le
moine commence à se poser des questions :
« Or,
à mon grand effroi, je me rendais compte que l'homme assis devant nous n'avait
nulle intention de s'abaisser. […] En contemplant ses traits figés, je compris,
choqué, que ce visage d'homme quasiment pétrifié nous renvoyait la malédiction
du Saint-Office : ce n'était pas lui le maudit mais nous, nous tous, qui nous
trouvions dans sa cellule de condamné à mort. »[11]
Et « puisque la confortation avait échoué, tout était peine perdue : le provveditore fit signe aux hallebardiers de s'emparer du
condamné » et le carme va dans la foule du Campo de'
Fiori assister au supplice :
« J'ai
dû jouer des coudes pour bien voir le brûlement »[12]
« Le
mastro di giustizia fit signe aux aides d'arracher la chemise plissée que l'on avait
enfilée à l'hérétique en prison pour sa dernière nuit. L'ordre fut exécuté et
alors, en haut du bûcher, devant les belles maisons bourgeoises aux nobles
façades du Campo de' Fiori, se tint un homme nu. »
[…]Dans
la pénombre du petit matin d'hiver, dans la ville de Rome, l'homme était nu
comme si on ne l'avait pas seulement dépouillé de sa chemise mais également de
sa chair. »[13]
Puis
« […]
avant que le nuage de fumée ne recouvre la silhouette dénudée, je vis encore le
visage de l'hérétique quelques instants. Ce n'était pas l'enfer ou le ciel
qu'il fixait en regardant devant lui, non, ce qu'il regardait était le Néant,
comme s'il avait compris que, le Néant était la seule réalité et que le reste
n'était qu'illusion. […] On aurait dit que cet homme savait qu'il n'existait
aucun secours pour les humains. Il baissait les yeux sur la foule et à présent,
je peux le dire, en cet instant, le visage de l'homme attaché au poteau
m'évoqua le visage torturé de Notre Seigneur Jésus-Christ […], le visage de
celui qui pardonne ce que les hommes font aux autres hommes mais qui demande en
même temps à Dieu quelle est la raison pour laquelle il doit supporter tout ce
qui se passe pour lui, être humain, sur cette terre...
Cette pensée [me] fit frissonner :
Le
doute peut-il s'emparer de l'âme d'un croyant : se pourrait-il que Notre
Seigneur Jésus-Christ sur sa croix n'ait pas pardonné à Dieu ? »[14]
Une
fois le supplice consommé, il va prendre congé du cardinal Bellarmin qui se
montre très curieux de la manière dont Giordano Bruno a enduré son
exécution :
« A-t-il proféré des
malédictions ? Ou des supplications ? […] N’avait-il pas
peur ? »
Et le
moine de répondre :
« Je crois qu’il éprouvait un
profond mépris pour ce qui se passait. »[15]
Puis
Bellarmin après avoir évoqué quelques-unes des activités de Bruno
« Cet homme... oui, Bruno... ce
moine apostat a été le défenseur de la paix entre les groupes religieux. Un
homme tel que lui, on peut toujours l'utiliser [...] On doit accepter les
agents doubles au service de la Sainte Cause […]Prêcher pour la paix participe
peut-être d'une tactique habile. Mais cela n'en reste pas moins et toujours une
dangereuse escroquerie. Cet homme croyait vraiment que la paix pourrait un jour
devenir une réalité entre deux mondes. »[16]
lui
révèle la raison ultime qu’avait le Saint Office d’éliminer l’hérétique :
« Mais ce n'est pas la raison pour laquelle
on l'a envoyé au bûcher […] Cet homme-là voulait autre chose. Il croyait que
l'intelligence était plus puissante et comptait davantage que la Foi. Celui qui
prêche l'accord de la Foi et de l'intelligence est un traître. Il doit mourir
car un jour ou l'autre il trahira la Foi. Ou l'intelligence.»[17]
«Une fois, [révèle
Bellarmin] j’ai discuté avec lui jusqu'à
l'aube. Nous avons parlé du Savoir. Il était têtu, il répétait que l'homme
irait plus loin avec le Savoir qu'avec la Foi... Quand je lui ai asséné la
sainte vérité selon laquelle le Savoir veut seulement comprendre mais que la
Foi rédime... et que la rédemption vaut plus que la compréhension... le contenu
profond de la Foi est une grande Idée, l'Esprit Saint..., il a haussé les
épaules et il a dit que tout Esprit qui s'identifie au Pouvoir se corrompt et
devient implacable. »[18]
Evidemment
cette expérience aura pour l’apprenti inquisiteur des conséquences imprévues
qui ont d’ailleurs un rapport avec un épisode de la vie de Giordano Bruno, mais
qui ne seront pas dévoilées ici.
Dans
son journal Márai note : « Il n’y a que trois formes
d’existence : la faustienne, l’ulyssienne et la christique »[19].
Le personnage de Giordano Bruno participe clairement de la première dans la
primauté qu’il accorde au savoir, et il acquière ici quasiment un statut de
figure mythique lui-même par la découverte de sa personne savamment distillée
au carme par sa rencontre dans la cellule, le bûcher puis l’entrevue avec
Bellarmin.
Márai
utilise un contexte historique pour nous faire réfléchir à tous les fanatismes,
tous les totalitarismes de son temps. En dépit de quelques légères erreurs
historiques, en particulier certains anachronismes (mais n’oublions pas qu’il s’agit
d’une œuvre de fiction), ce roman est un formidable plaidoyer pour la raison,
la pensée libre face aux idéologies de toutes sortes et ça ne semble toujours pas
inutile aujourd’hui.
Il
bénéficie de la traduction fluide et souple de Catherine Fay. Espérons que le
travail de redécouverte de cet auteur majeur de la littérature du XXème siècle
sera poursuivi et permettra de découvrir d’autres romans et bien d’autres
facettes de son talent, nouvelles, poèmes, récits, théâtre ou journal.
[1] p. 34
[2] p. 125
[3] c’est le
cas en particulier des personnages principaux de Les étrangers, La
conversation de Bolzano, Le miracle
de San Gennaro, Les mouettes,
sans parler des romans pas encore traduits.
[4] p. 104
[5] p. 105
[6] p. 79
[7] p. 82-83
[8] p.
106-107
[9] p. 133
[10] p. 136
[11] p. 139
[12] p. 146
[13] p. 151
[14] p.
154-155
[15] p. 171
[16] p.
174-175
[17] p. 175
[18] p. 176
[19] La fortune littéraire de Sándor Márai, p.13,
cité par András Kányády lors de la présentation à l’Institut Hongrois.
dimanche 3 janvier 2016
Nouvel An
Voici ce qu'écrivait Márai dans son journal, il y a 70 ans au seuil de l'année 1946 :
Nouvel an. Le Danube est un miroir, comme de
l’eau dormante. Calme reflet au-dessus d’un pays soulagé. Dans l’eau se baignent paisiblement des oies
sauvages. Il y a un an aujourd’hui y flottaient
des cadavres pieds et poings liés.
Il y a un an aujourd’hui ce pays se tordait
sous les coups de baïonnette de la guerre. Maintenant il poursuit sa guérison. Les
gens meurent encore dans la misère et l’inutilité, mais tout est en train de
guérir. Dans deux ans quand les terres auront été labourées assez profond on ne
retrouvera plus trace de la guerre sur ce pays. Et les hommes oublieront vite
eux-aussi. Dans deux ans, si je vis encore, tout sera plus important que ce qui
était réalité il y a un an.
Hélas pour lui, deux ans après, il prendrait le chemin de l'exil.
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