Je ne savais pas que cette cathédrale, cette splendeur de ma
ville natale, cette perfection construite avec le soin et le sens artistique de
siècles, était si grandiose. Avec un ravissement ému je contemplai chacune de
ses pierres. Il y a peu de choses comparables en Europe, peut-être vingt ou
vingt-cinq. Ces quelques tours de cathédrales, de Chartres, de Reims, de
Cologne, de Kassa* signifient l’éternelle Europe dans l’écoulement du temps.
Mais la cathédrale attire aussi l’attention sur autre chose. Dressant sa tour tronquée, comme l’index mutilé d’une main, elle dit : « Dans cette ville a été construite une œuvre admirable, un évènement mondial. Lève ton regard, attentif, puis incline la tête, plein d’humilité. L’homme ne compte qu’autant qu’il saisit les grands symboles. L’homme ne vit que s’il construit quelque chose. Au minimum une cathédrale, pour des siècles. Comprends-tu ? »
Mais la cathédrale attire aussi l’attention sur autre chose. Dressant sa tour tronquée, comme l’index mutilé d’une main, elle dit : « Dans cette ville a été construite une œuvre admirable, un évènement mondial. Lève ton regard, attentif, puis incline la tête, plein d’humilité. L’homme ne compte qu’autant qu’il saisit les grands symboles. L’homme ne vit que s’il construit quelque chose. Au minimum une cathédrale, pour des siècles. Comprends-tu ? »
Je comprends et m’en vais attristé.
* Aujourd'hui Košice en Slovaquie, ville natale de Sándor Márai
Extrait de "Ars Poetica", deuxième partie de "Ciel et terre"
d'après la traduction en allemand d'Ernö Zeltner